Non, j'ai pas de sécateur sur moi




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Interpol - Live in Paris
Zénith - 21.11.07
Pour leur seconde date en France à l'occasion de la tournée accompagnant la sortie de l'album Our Love To Admire [OLTA] (le troisième du groupe), Interpol s'invitait au Zénith de Paris. Les grèves aidant, les 6000 places de la salle se remplissent progressivement. C'est mon premier concert d'Interpol, ça va être difficile de me faire passer une mauvaise soirée.

Annoncée à 20 heures, la soirée ne débute vraiment qu'une demi-heure plus tard avec la première partie assurée par Blonde Redhead. Une première partie que j'ai vraiment appreciée, ne connaissant pas ce groupe composé d'une chanteuse - pianiste - guitariste, d'un guitariste un peu chanteur et d'un batteur. C'est à mon goût assez semblable de chanson en chanson, mais assez agréable, s'étalant souvent dans les harmonies sur la fin des morceaux, profitant d'un jeu du batteur franchement agréable. Une première partie réussie (c'est pas toujours le cas, et encore, ça n'a pas plu à tout le monde apparement), 8 morceaux, ça commence bien.

Alors que la lumière revenue je m'amuse du jeune couple devant moi qui passe en revue toutes les situations possibles [1] (et que je constate que le public d'Interpol est vraiment à mon goût, peu de kékés et de physiquement ecervelés), le set commence à 21h30 (exactement l'heure prévue sur la feuille près de la console que j'ai vue en partant, tiens donc).

Bon, ça crie dans le public, normal, Sam, Carlos, Daniel et Paul (avec leur ami claviériste) entrent sur scène sur fond de nappes (pas celles qu'on met sur la table), enchaînant sur Pioneer To The Falls après que Paul ait montré son parfait accent français en se fendant d'un "Bonsoir" (oui c'est classique, mais tous ne le font pas). Pioneer qui met dans l'ambiance, en particulier sur la partie a cappela qui impressionne assez en live, malgré les (rares) "wouhaahha" placés par les spectateurs *intelligents* à ce moment là. J'ai évidemment un avis plus que subjectif, j'attendais vraiment d'entendre Pioneer en live, et je dois dire que j'ai pas été deçu par l'emotion qu'elle dégage.

Histoire d'enfoncer le clou tout de suite, Interpol enchaîne sur le premier titre joué issu du premier (excellent) album Turn On The Bright Lights (TOTBL pour les intimes et les feignants), Obstacle 1. Mis à part que j'ai déjà l'impression de fondre, on comprend assez vite que le concert mettra en avant les chansons un peu plus péchues que les autres, alors que les réglages se font désirer. Paul se ne sort pas grand chose de sa guitare, tandis que celle de Daniel sera la star de la soirée.

Après que Paul ait demandé de patienter à l'aide d'un boeuf qu'on a tous partagé (c'était bon), le premier extrait de Antics est attaqué. C'Mere, qui est loin d'être ma préférée (ça veut dire que je l'aime assez, faut replacer dans le contexte [2]), assure quand même avec ses "Oh I love you" et a le mérite de tenter de chauffer le public. C'est d'ailleurs un sacré débat, à savoir si pour un groupe comme Interpol, on est obligé d'être démonstratif pour apprécier, ce dont je doute (même si c'est que semble apprécier le groupe). Vient ensuite Narc, la chanson qui m'a fait aimer le groupe, et qui m'a forcément foutu une grosse claque, rien qu'avec ses montées, que je regrette juste de ne pas avoir si bien perçues en live (j'ai vraiment trouvé la guitare de Daniel bien trop forte par rapport à la voix et à la basse, bref). Ca ne m'a pas empêché quand même de m'en prendre plein la tête durant le final "You should be in my space" (et pas MySpace, hein).


Le groupe surprend alors tout le monde en entamant Big Bisou en créole On revient sur OLTA avec Pace Is The Trick, qui ne mettait déjà pas tout le monde d'accord en studio, mais qui me plaît, alors bon, hein. Je cherche désepérement le "See how I stun" qui a l'air de venir des coulisses tellement il est étouffé, mais ce refrain, oh la la... mais faut vraiment faire la gueule pour pas l'apprécier, oh !

Puis, oh surprise, Hands Away... Surprise parce que je ne pensais pas qu'une chanson aussi intimiste puisse être aussi bien jouée en live. Preuve que si Interpol se plaît à jouer des morceaux plus enlevés, ils n'ont en rien laissé tomber les titres plus mélancoliques qui font TOTBL. Et là, ce Hands Away parfaitement executé, c'est retourner à l'état béat qui fait juste dire "Waouh". Un "Waouh" suivi d'un "yeah" pour Say Hello To The Angels, forcément plus péchu et dans lequel je me perds toujours dans le refrain, mais comme c'est pas moi qui chante c'est pas grave. D'autant plus que je m'en sors très bien sur le "Each night, I Bury My Love You / You're linked to my innoncence", et même sans ça, le titre est prenant et s'adapte au live sans aucun problème.

Second single de OLTA, Mammoth que j'attendais impatiemment et qui ne m'a pas déçu (autant vendre la mèche, rien ne m'a grandement déçu, si ce n'est l'absence de Leif Erikson). Je trouve ce titre si fort qu'il aurait été difficile de le rendre inaudible à mes oreilles, mais ce final, ces ponts en montée, là, re-outch... Daniel y va de ses pas classiques, Carlos se décolle de ses enceintes de fond de scène, c'est la fête. Toujours issu de OLTA, No I In Threesome, le dernier single en date, et dont j'ai d'ailleurs pris la mesure avec le clip qui l'accompagne. De quoi l'apprécier aussi en live, ne serait-ce que parce que la voix de Paul y est impeccable (quoiqu'elle m'a un peu surpris au début sur les chansons plus "claires").

La suite, c'est Slow Hands, la chanson qui fait peut-être le plus débat, parce que c'est la première à vraiment sortir du lot et à être moins sombre. Alors oui, bon, ça fait (un peu) bouger, les "Can't you see what you've done to my heart... and soul" font toujours leur petit effet, mais j'attends toujours qu'il se passe quelque chose dans cette chanson, mais ça vient pas. Alors c'est pas qu'on s'emmerde, et en live elle apporte son quota de remuage tranquille de popotin, mais ça s'arrête là. Vient Rest My Chemistery, une des chansons les plus appréciées du dernier album et c'est vrai qu'elle en impose. Déjà par ses paroles (mais bon quand on connait pas, en live c'est pas évident), mais elle dégage vraiment quelque chose. Je croyais plus marqués les arrêts rythmés de la chanson, mais je me suis fait la réflexion à ce moment-là que plus les marquer revenait à arrêter de jouer, ce qui est un tout petit peu con.

Après ? Après c'est LE truc, LA classe plus que les autres, LE moment. The Lighthouse, chanson d'album par excellence, qui prend le temps de poser chaque note, qui s'étale en longueur pour bien faire prendre la mayonnaise, qui monte progressivement avec la voix de Paul sur la guitare de Daniel, puis qui explose... La version live, bien que j'ai toujours cette impression que Paul était noyé par les guitares [3], est vraiment magnifique. Comme l'impression que le public est religieusement happé, tandis que Daniel fait durer le plaisir et que les lumières viennent relever le tout à l'entrée de la batterie de Sam. Alors on peut ne pas aimer cette mise en scène, mais c'est vraiment agréable de voir que des chansons plus difficiles à transposer en concert le sont, et avec autant d'importance. Une vraie claque (et, le passage perso de la chronique : c'est en plein milieu que Loïc m'envoie un texto pour me dire que Sébastien Frey a fait une Letizi, ça change un monde).

Le calme avant la tempête, puisque c'est Evil qui prend le relais. Evil, c'est un peu comme Slow Hands. Une chanson que j'aime beaucoup, presque un hymne rock, mais c'est pas forcément ce que je préfère chez Interpol. N'empêche, elle a le mérite de mettre le public en forme, les 10 premiers rangs de la fosse sautent (oui, c'était assez localisé, mais on les a bien entendu), Paul tournant même le micro pour qu'on puisse chanter le début (bon, je l'ai compris qu'à la fin, ce qui me fait penser que j'étais vraiment à un endroit où le son était naze). Evil, ça défoule bien, c'est quand même une chanson qui fait son effet à chaque fois [4].

The Heinrich Maneuver. Bon. Ouais. Paul l'attaque tout seul, normal, y a pas d'intro instrumentale. Là encore, je déteste pas la chanson, mais elle ne colle pas vraiment à l'image que je me fait d'Interpol. C'est un peu le single pour tirer l'album ailleurs que sur le sentier des fans (j'ai bouffé un poète), ça s'écoute, mais on s'y attarde pas plus que ça. D'ailleurs, j'ai pas senti que le live lui apportait quelque chose de plus ou de différent, mais c'est plutôt normal qu'elle fasse partie du set. Et puis c'est pas une bouse non plus...

Dernier titre, Not Even Jail, extrait de Antics. Là encore, pas une de mes préférées (j'ai du mal avec le milieu de Antics en fait [5] Mais pourtant, j'ai vraiment apprécié la chanson, sans doute parce qu'elle est plus "claire", et que la guitare à fond y avait beaucoup plus sa place. Elle prend toute se dimension en live, les gens sont contents, le groupe semble vraiment apprecier la jouer, jusqu'à Daniel qui a d'ailleurs joué le frontman à la fin mode "je fais des tourniquets avec ma tête", et ça, mes amis, ça envoie du pâté.

Mais bon, on va pas s'arrêter comme ça, et le groupe revient pour un rappel assez classieux, entamé avec Untitled. Là, vraiment, c'est magique. J'y ajoute sans doute pas mal de sentiments personnels dessus, mais difficile de ne rien ressentir, ou alors faut être parti avant, là je peux comprendre. Le rappel entier est à base de titres de TOTBL, avec Stella Was A Diver And She Was Always Down histoire d'achever un peu tout le monde avec les "Stella I Loooove You" de Paul. Et c'est juste quand je me dis qu'il manque PDA que les premières notes se font entendre. Le groupe profite du break pour - comme à son habitude - le prolonger, histoire de faire monter l'ambiance dans la salle en guise de premières acclamations finales (le salut sur Not Even Jail était pas crédible du tout). Un final que j'ai trouvé grandiose, mais est-ce que j'aurais pu être déçu... Et alors que Paul a déjà attaqué sa traditionnelle clope (mouais), je constate que les choeurs de Daniel sont vraiment noyés, quasi inaudibles. Mais bon, on leur passe. Un dernier salut, des mercis pour Paul, un "Merci bucu Pari'" pour Sam, et hop, c'est fini.

Donc forcément, je partais avec des a priori plus que positifs, et Interpol avait un capital point inattaquable dans ma tête. Au point de vue des remarques, ça m'a fait bizarre de voir enfin d'autres fans d'Interpol, ça faisait longtemps que je me sentais seul... Difficile aussi de savoir quelle attitude adopter, entre l'hystérie horrible sur des chansons douces, le stoïcisme sur des titres comme Evil... au final une ambiance assez bizarre. Je me demande aussi quelles ont été les impressions des personnes qui ne connaissent pas ou peu le groupe et qui ont forcément du passer à côté de certaines parties chantées, de paroles ou de basse. Mais impossible d'enlever l'émotion qui se dégage de la plupart des chansons, qu'il s'agisse de mélancolie ou de youhou-popotin.


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Notes du bas de la page (ou un peu avant)
[1] que je salue mais qui ne passera jamais ici et de toutes façons ils se reconnaitront pas
[2] Oui, je suis un fan sans aucun esprit critique, c'est horrible.
[3] Et noyer dans une mayonnaise, ça doit pas être génial
[4] En revanche, {cher Axl,} je ne sais toujours pas si semi-erotic correspond à demi-molle.
[5] Avec le "tic", quoi.
Commentaires battus
Posté par Colinternet le 02.12.2007 à 15:34 [
#1]
Hello!
Vu aussi le lundi 24 octobre à Lille, à l'Aeronef, et c'était monumental... Faut dire que je suis pas loin d'être aussi fan que toi de nos amis Newyorkais. Vraiment un très bon concert!
Merci pour ce sympathique article!

Posté par
mbfcs2 le 02.12.2007 à 16:01 [#2]
Il parait que l'ambiance à Lille était plus spéciale, sans doute grâce à la salle plus "chaleureuse". La setlist était un peu différente, avec Specialist dans le rappel (et Take You On A Cruise ?) [j'y étais pas, je suis qu'un vil rapporteur].
Le concert de Paris était un peu "froid", mais il était quand même très bon (voire grandiose quand on est un fan absolu...)

Posté par Secret le 11.12.2007 à 21:14 [
#3]
Excellent article ! J'y étais aussi, je ne connaissais pas et j'ai beaucoup apprécié.
Ajoutez votre prose ! (lâch t komm)
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