It was delicious Pierre




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De Animo à Raphaël
La censure dans les clips
Y a des gens qui sont stricts
De retour sur le devant de la grande scène de l'actualité de second plan avec "l'affaire" du nouveau clip de Raphaël, la censure dans les clips méritait bien qu'on s'y attarde un peu plus. Sans refaire toute sa longue histoire, le clip a toujours l'occasion, tant pour les réalisateurs que pour les artistes, de se faire remarquer le temps d'une chanson. Reste à savoir la limite à franchir (ou non) pour qu'on parle de soi autrement que par le truchement [1] de la musique.

Bien entendu, j'enfonce des portes ouvertes, il faut savoir que la censure s'adapte aux moeurs des cultures à l'époque, et que, quelque part, elle doit aussi être en relation avec le monde du clip : on acceptera plus facilement de la violence dans une série d'action (Les Experts, Julie Lescaut) que dans un clip de Christophe Maé [2]. Disons que c'est un peu plus légitime.

Pourtant, la censure, c'est aussi l'occasion de faire parler de soi : quand on ne peut pas jouer sur un effet technique génial, des guest stars ou même sur une chanson qui tient la route, choquer peut être un bon parti pris. Encore faut-il le faire avec du sens. Ou pire encore : faut-il le vouloir. Car c'est sans doute ce qui arrive à Raphaël pour son dernier clip, Le Vent De L'Hiver.

Vent et fait d'hiver
Réalisé par Olivier Dahan (La Môme), le clip de Raphaël Le Vent De L'Hiver fait parler de lui pour tout autre chose que la musique. En effet, M6 en diffuse une version censurée d'un baiser lesbien. Un baiser qui n'a rien de choquant, en tout cas semblable à des milliers d'autres baisers qu'on a pu voir. Une belle galoche entre deux filles, mais même pas jusqu'aux amygdales. La version censurée propose un beau rectangle noir à la place.

Raphaël - Le Vent de l'Hiver :



La première question qu'on se pose, c'est d'où vient cette censure ; Dans un article de iMedias, M6 assure n'avoir reçu que la version censurée. Sur Rue89, on précise que M6 n'a en aucun cas fait le choix de passer une version censurée. Il s'agirait là d'une version fournie par la maison de disques, en accord avec les artistes. Au final, c'est trois versions du clip qui sont maintenant disponibles : le première non censurée, la deuxième flanquée d'un rectangle noir et une troisième où les femmes ne s'embrassent pas. En encore, on ne parle que de M6, mais les clips sont de plus en plus fréquents sur le TNT. Quant au net, et même si Olivier Dahan s'en défend d'un buzz volontaire, les sites internet (dont le NazeJournal, donc), relaient l'infos... et le clip.

Finalement, la vraie question est de savoir pourquoi cette censure, puisqu'elle existe. Rien de vraiment choquant que deux femmes s'embrassent, même goulûment. Une scène qu'on aura vue et revue, qui n'a rien de vulgaire. Ou alors on ne montre plus rien. Evidemment, on peut critiquer l'ouverture des moeurs, mais dans le cas présent, le baiser n'a rien à envier aux femmes qui prennent leur douche nue dans la jungle pour le plaisir de Fa Douche.

On notera quand même, pour être honnête, que les épisodes les plus violents des séries en sont pas diffusées en prime-time (ce qui implique aussi des gloubiboulgas de scénario total), et qu'on est en droit de se poser la question de la limite à ne pas franchir. Mais dans le cas présent, difficile aussi de se dire qu'entre un homme et une femme, on n'aurait rien dit. Hum.

La censure, c'est bath
On en parlait, le coupable de cette censure ne sont sans doute pas les chaînes de télévisions. D'autant que M6 affirme ne pas censurer les clips qu'elle diffuse, et on peut imaginer d'une chaîne qui diffuse Nip/Tuck
ou des clips de Tecktonik qu'un baiser ne sera pas censuré. La vraie preuve de vraie qui tue, c'est ce clip de Steve Estatoff, alors récent gagnant de la Nouvelle Star, et qui s'était permis le luxe, alors que M6 se devait de le promouvoir, de sortir le single 1977 avec des paroles très classe (A l'envers, à l'envers je m'en tape encore / Tu es lasse enfant de salope / Si je sais, si je sais que je dois m'en aller / Tu m'entends putain de ta mère). Clip diffusé en intégralité, non censuré, du moins dans la nuit.

Mais il faut avouer que les mentalités évoluent. Ainsi, dans les années 80 c'est le groupe Animo qui voyait son clip Des Gens Stricts, réalisé par Gérard Pullicino (quand même) marqué d'un carré blanc. Le même carré qui marquait les scènes sexuelles. Rien que ça. En fait, si les clip n'a vraiment rien de choquant, c'est sans doute plus pour les paroles que la vidéo a été indiquée comme pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes (c'est pas comme ça qu'on dit maintenant ?). Même si en fouillant un peu on y trouve évidement des métaphores à toutes les sauces, le texte est bien tourné. A moins que ce ne soient pour les tenues. Je dis pas.

Animo - Des Gens Stricts :



La censure, it's ok
Dans les pays anglo-saxons, on n'imagine même pas ce que ça aurait donné. Pour être en total décalage avec ce qu'on peut attendre ici, c'est assez parfait. La pratique veut que soient censurés tous les mots ayant un potentiel choquant : fuck et ses dérivés, shit, bitch, etc. Banana reste toléré.

La censure est tellement encrée que depuis l'affaire Janet Jackson et son sein qui apparaît à la télé (QUOI ! UN SEIN ! [3]), les retransmissions en direct ne le dont plus vraiment, mais en léger différé, le temps d'effacer les mots et actes de travers. Manquerait plus que ce soit naturel. Du coup, ce sont les chansons qui en pâtissent : les paroles se retrouvent à trou, comme dans le dernier clip de Nickelback Rockstar, où les couplets sont une vraie pub pour le gruyère.

La liste des chansons avec des blancs serait longue à faire, mais ce sont bien les images qui sont les plus parlantes, paradoxalement. Là encore, tout est affaire de goût : le couteau dans Gravity's Rainbow des Klaxons est flouté tandis que Adam Levine des Maroon 5 braque un pistolet sans qu'on bronche.


Pistolet : bien.

Couteau : pas bien.

Et pour cause, la censure du clip Wake-Up Call est ailleurs : en dépit de l'annonce initiale du clip, mettant en garde contre la non-autorisation de ce clip pour la diffusion aux moins de 17 ans aussi persuasive qu'un bouton "je certifie que j'ai bien 18 ans ou plus" (c'est une blague ?), c'est la scène finale qui est purement et simplement coupée selon l'heure de diffusion. Dans la nuit, on verra Adam Levine (méconnaissable derrière les masques) prendre une décharge sur la chaise électrique, alors qu'il pourrira en prison le jour.


Jour.

Nuit.

Le clip méga cheap des Cribs, Men's Needs, montre encore une fois l'écart entre ce qu'on peut montrer et ce qu'on ne veut pas voir : alors qu'une femme totalement nue danse autour du groupe sur fond jaune, elle sera masquée de deux rectangles noirs dans la journée. En revanche, des mutilations des musiciens, dont la décapitation (même si elle est plus drôle qu'autre chose), rien. On voit des bouts de bras, des corps qui giclent le sang, mais rien n'est masqué ni mosaïqué.


Tête qui gicle : bien.

Dame toute nue : pas bien.

Dans le dernier clip en date de We Are Scientists pour After Hours, on voit Keith Murray mettre une gauche à Chris Cain, mais derrière les mosaïques, des fois qu'on serait choqué par ce qu'on sait être du faux (mais bon, les non-effusions de sang et le fait qu'il se relève tout de suite après n'aident pas non plus, hein.)


Mosaïque : bien.

Pas mosaïque : pas bien.

Le clip The Angry Mob des Kaiser Chiefs se voit amputé deu bourre-pif d'une demoiselle vers une autre pour un plan sur un découpage de viande très ironique, tandis que le posage en règle des fesses sur la vitre du restaurant sera lui mosaïqué. Au cas où on voudrait faire du lèche-vitrine, sans doute.


Etape 1 : armer.

Etape 2 : morfler.

Au final, au fond de la censure à double étage, la seule qui peut éventuellement paraître sensée concerne la publicité sans détour, comme dans les derniers clips d'Alicia Keys. Si No One montre des gros plans sur la télévision Sony, Like You'll Never See Me Again est brouillé pendant le long plan sur l'écran de portable. Quant au clip de Tenacious D Tribute, la scène finale où une personne âgée présente l'album fraîchement sorti subit le même sort.


Dans ces deux derniers cas, le flou est une solution plus que correcte, et c'est le but initial qui est à revoir. Mais au lieu d'éluder les plans avec violence, il faut peut-être trouver une méthode artistique pour atténuer l'effet. C'est le cas pour la version censurée du clip Monsterhospital du groupe Metric : si la scène d'auto-étouffement initale est remplacée par un très moche logo "Censored" sur fond noir, la suite du clip où les musiciens sont couverts de sang est juste passée en noir et blanc.


Noir et blanc : bien.

Couleur : pas bien.


Rien voir : bien.

Rien respirer : pas bien.

Le plus drôle dans tout ça, c'est peut-être de regarder le récent clip des Maccabees, Toothpaste Kisses. Comme son nom peut le laisser présager, le clip présente dans un bar une interprétation de la pub "J'ai couché avec toi, qui a couché avec d'autres, qui ont couché avec d'autres...". En gros, ça part d'un premier baiser, puis l'un des deux part embrasser quelqu'un d'autre, qui ira en embrasser un autre...


C'est pas vraiment ragoûtant, mais dans l'idée, ce n'est qu'une suite de baisers... dont un entre deux filles. Non censuré.
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Notes du bas de la page (ou un peu avant)
[1] J'ai cru que j'arriverais jamais à le placer, ce mot.
[2] En fait, moi j'accepte tout mieux qu'un clip de Christophe Maé.
[3] Heureusement que Collaro n'est pas anglais...
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