Dans la majorité des écoles post-bac, les cours sont dispensés dans des amphithéatres, sortes de classes puissance 10. Ce qui signifie la plupart du temps plus d'une centaine d'élèves pour un seul prof et une salle qui résonne. Bien loin de moi le fait de dire que l'amphi doit être un bordel, mais il faut avouer qu'il se crée le plus souvent de lui-même. Alors oui, bien sûr, il y a toujours des profs qui arrivent à faire garder le calme. Ceux-là ne sont pas légion et à vrai dire, il existe pour eux très peu de solutions : faire un cours très passionnant (ce qui n'est pas toujours gagné quand on voit que certains ont l'air de se faire chier) ou bien de faire un cours entierement soporifique (il existe aussi ceux qui font regner la terreur, mais ils ne sont qu'une infime partie).
A vrai dire, la plaisir de l'amphi ne réside pas tant dans le fond sonore qui dépasse allégremment celui d'un marteau-piqueur sur un aéroport alors que le prof lit un polycopié que les élèves ont, mais plutôt dans la liberté qu'il procure. On ne parle pas là des élèves qui sèchent les amphis, et encore moins de ceux qui perturbent le cours. Les plus amusants sont ceux qui trouvent une multitude d'activités pour occuper certaines longues heures, que ce soit celles du reveil ou celles de la digestion.
Il y a d'abord les grands classiques, ceux qui ne sont pas d'une grande originalité mais qui ne risquent vraiment pas de gener le cours. Il s'agit là de s'endormir sur sa table pour récuperer d'une nuit de quatre heures pour cause de glande un peu trop longue la veille (il existe d'ailleurs de nombreuses positions, dont certains sont des veritables professionnels et que nous n'étudierons pas ici). Il y a ceux qui lisent, et d'ailleurs les amphis sont une vraie mine d'or pour l'industrie du livre. Mais il ne faut pas non plus négliger la lecture de magazines, et c'est ainsi que l'arrivée des quotidiens gratuits tels que Metro ou 20 Minutes font le bonheur des cruciverbistes qui n'auraient pas forcément envie un vendredi midi de suivre un cours sur l'amortissement à court terme.
Il faut avouer que certains amphis s'avèrent être des failles temporelles où votre montre indique une heure qui ne semble pas être la même que celle qui régit dans l'amphi tant elle est longue. Du coup, les occupations vont bon train : entre deux coups d'oeil vers la montre et deux mp3 écoutés au lecteur, voire parfois deux ou trois formules notées sur un coin de feuille, l'étudiant djeunz crève souvent la dale
[1], et en profite donc pour se restaurer, parfois sans trop de discretion, il faut bien l'avouer (mais bon c'est pas de sa faute si le grec sent fort ou s'il y a tant de mayonnaise là-dedans). L'amphi peut aussi être un bon moyen de rattraper des cours importants (oui oui), ou encore de faire les devoirs selon la technique reconnue maintes fois du recopiage.
Enfin, il faut noter quelques initiatives originales. En fait, trop d'heures d'oisiveté chez le djeunz provoque parfois des idées assez sogrenues, et il n'est pas rare de voir fleurir des concours de jeux de mots ou autres jeux encore plus débiles (parmi lesquels la répétition de la dernière syllabe du prof). On ne compte pas non plus les jeux inventés qui prennent la place des sempiternels Morpions ou Batailles Navales, à base de stylo, d'agrafeuses ou de pots de colle, sans oublier
la grille du temps, invention qui consiste à noircir une case d'un tableau par minute passée. Bref, si faire du bruit en amphi n'est pas la plus intelligente des choses, parce que oui, ça arrive, des gens veulent écouter et on est quand même là pour ça (et puis c'est vite saoulant, non seulement pour ceux qui suivent mais aussi pour ceux qui dorment et que ça reveille), chaque étudiant qui se respecte a, parce que c'est aussi humain d'avoir des moments de j'ai-du-mal-à-suivre, des moments de coma amphiliques où les études secondaires prenent toute leur dimension.
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Notes du bas de la page (ou un peu avant)
[1] Oui, car autant sa nuit fut courte, autant son reveil fut abrupt et son petit dejeuner 'achement court.
[2] Ce 2 qui ne réfere à rien me permet de renforcer mon interêt quant à l'idée que le bruit en amphi, c'est vraiment chiant. Merde, occupez vous, mais arrêter de gueuler, c'est lourd.
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[3] Je vous rassure quand même, je ne me présente pas aux prochaines éléctions.
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[4] J'espère que je vous ai bien rassuré, là.