De fait, le
Friday Wear est le résultat d'un sentiment d'emprisonnement, et l'employé se détache alors, par le biais de sa cravate, de son carcan de B-45 à envoyer avant la fin du mois que-ce-sera-pas-possible-je-le-crains [
1]. Mais c'est aussi une expression de la liberté cachée dans cette chemise à carreaux le reste de la semaine. La cravate est un début, c'est un signe, mais comme bien souvent on donne la main on veut le bras, autant imaginer des solutions pour voir plus loin. Le
Friday Wear peut se traduire par un état d'esprit autorisant les courants vestimentaires les plus fous.
Rappel des bases
Avant tout, je vous propose de revoir vos classiques en vous offrant une tenue classique, certes un peu large, mais bon c'est pas non plus
Kiabi Cerruti chez moi.
L'essentiel est de trouver le bon compromis entre la longueur du pantalon pour qu'il ne vienne pas ramasser les feuilles sur votre trajet, sans non plus qu'il n'offre la possibilité de voir vos gambettes poilues au gars du service du dessus qui est connu pour tout répéter (c'est comme ça qu'on a su pour Jacqueline).
J'ai foiré mon ourlet
Le
Friday Wear pourrait devenir le jour de l'ourlet sans complexe, pour tous les frustrés de l'aiguille mal placée. Ainsi, vous pourrez allégrement rappeller votre petite cousine borgne qui ne demande qu'à vous tailler votre bas de pantalon [
2]. On lui pardonnera volontiers ses erreurs de jugement.
Surtout que rien ne vous oblige à ne pas réparer vous-même ses petites fautes pour égaliser tout ça. Vous pourrez également en profiter pour sortir vos vieux pantalons un peu trop courts, qui ne vous servaient jusqu'à présent que pour vos rares parties de pêches aux moules (qui, à Limoges, sont plus que rares, en fait).
Et ce sera toujours sympa de voir que vous savez accomoder vos chaussettes de sport blanches avec un ensemble noir dernier cri (qui, en l'occurrence, se rapproche plus de "bbbbbeeeeurkkkkk" que de "ouaaahhhh").
Tu vois trop loin, Jean-Louis
Attention quand même à ne pas vouloir pousser mémé dans les orties
quand le mur suffit. Les codes de conduite sont durs à défaire, et on est loin de pouvoir imaginer un jour que le
Friday Wear ressemble à un rassemblement de petits chanteurs à la Croix de Bois.
Si vous pensiez que le fait de mettre très hautes vos chaussettes, que dis-je !, vos "sockettes" blanches pour faire passer votre look vestimentaire plus que douteux, c'est raté. Le pantalon aux genoux, c'est absolument impossible (c'est pourtant dommage, ça dénote une grande classe) [
3].
Le
Friday Wear ne doit pas être un élan à vos pulsions racaïlles. On reste quand même dans le domaine du professionnel, et autant vous ne mettez pas d'ailerons sur la voiture de fonction, autant vous ne pouvez pas vous permettre de taper des check-one-two à votre supérieur. Alors pour le style vestimentaire, c'est pareil, vous n'êtes pas en jogging.
Et c'est pas la peine d'insister, même si vous avez bien assimilé que vous etiez au bureau : inutile donc d'essayer de faire parler votre schizophrénie en mettant une seule de vos deux jambes en week-end, tandis que l'autre règle sérieusement les affaires de la semaine.
En plus, c'est voyant, hein.
Là par contre ça va pas être possible
Malheureusement, il va falloir vous contenter de la cravate dans certains cas. C'est pas de la mauvaise volonté, c'est que ça va pas être possible, monsieur. Surtout si vous n'avez qu'un pied (notez d'ailleurs que dans le cas présent, vous êtes non seulement unijambiste, mais également équilibriste).
Et puis on a dit décontracté, mais vous n'êtes pas non plus totalement en week-end, vous n'êtes pas chez vous, bien que je ne sache pas ce que vous faites chez vous mais bon ça vous regarde, enfin bref, je... je veux pas rentrer dans votre intimité, non, je veux juste dire que y a des limites à ne pas franchir, on est pas non plus chez les sauvages. En plus c'est pas pratique pour marcher, convenons-en.
Il existe encore une dernière solution, puisque c'est vendredi, et que vous êtes le fils d'une lignée de travailleurs qui ont ramené leur salaire à la sueur de leur front, bravant le patronnat, REVENDIQUANT LE DROIT DE GREVE, SE BATTANT POUR AVOIR
UNE SEMAINE SUPPLEMENTAIRE DE CONGES PAYES ! OUI ! MOI J'AI FAIT MAI 68 MOI MOOOOSSIEUR ! Alors le vendredi je pars en RTT, oh, quand même.
Vous voilà donc prêt à lancer une nouvelle mode ! N'hésitez pas à essayer de nouvelles choses, sans oublier que le vendredi, c'est pas fini, c'est peut-être raviolii (on avait pas dit poisson ?), et qu'on est pas à l'abri de voir débarquer quelqu'un d'Italie (c'est exclusivement pour la rime, sinon ça veut pas dire grand chose).
_
Notes du bas de la page (ou un peu avant)
[1] C'est que je suis poète à mes heures perdues (et y en a beaucoup)
[2] Hein ?
[3] Et également que plonger sur du goudron ça rape les genoux.