La première chose à savoir est que les collections sont un leurre. En fait, puisqu'on ne peut pas vendre en librairie des CD comme on en vendrait dans les grands magasins comme la Fnac ou le Prisunic, c'est le fascicule que l'on achète, et qui a pour cadeau le superbe objet que vous convoitez tant, c'est-à-dire ce CD avec la dernière de Jennifer Lopez. Voilà une bonne raison pour ne pas acheter ces journaux : 15 euro le livret de 10 pages, c'est très cher.

Mais du coup, on n'est pas limités aux seuls CD ou DVD. Tout ce qui peut faire l'effet d'un article de stagiaire pour inclure dans un fascicule qu'on jettera à la poubelle est bon à prendre. C'est ainsi qu'est venue dans l'idée de grands gens vachement intelligents en communication tout plein, le concept des collections. Oh oui ! Tout plein.

Avant ça, revenons sur la période glorieuse des CD. Oui, car tout commence là. Enfin pas tout-tout non plus, par exemple l'univers ne commence pas là. Sinon on vivrait dans un monde qui résonnerait du Corona ou du Ice MC, c'est assez moyen. Donc j'y reviens : les premiers fascicules à 69 Francs (bah oui) concernaient ces CD de dance, tels Dance Attitude ou toutes ces compilations M6 aux éditions M6 distribuées par M6 camions. Bien entendu, je n'oublie pas les revues comme Pif Gadget, qui elles ne proposait pas de confectionner une collection, ou bien une collection de jouets en plastique qui ne marchent pas. J'ai aussi écarté les revues telles que "Jeunes Femmes Hot" étant donnés que leurs lecteurs se branlent de constituer une collection.

Alors pourquoi ne pas élargir les thèmes ? La librarie propose de suivre une collection pour que dale, en tout cas bien moins qu'en hypermarché. On arrive bien à écrire 16 pages sur des chanteurs d'EuroDance, on devrait donc pouvoir en faire autant pour tout un tas de sujets. En plus ça tombe bien, le petit dernier en a marre de collectionner les Marianne, la grande a honte de dire que sa dernière collection était les pin's. Pas de problème, chez le gentil libraire il y a de tout : du pas cher au pas cher mais on dira que ça fait cher parce que du coup ça fait bien on dirait presque de l'or. Il y en a pour le passionné de BD, pour celui qui a envie d'avoir sur son meuble de chevet Ikéa les 45 montres miniatures de collection - dont la réplique officielle de celle que Churchill a regardé un mercredi, pour le fan de Joël Robuchon qui pourra collectionner ses fiches de recettes au poivre du Moulin.

Et l'illusion est parfaite. Si on sait qu'on a fait une collection Atlas ou Del Prado qui nous a au final coûté "ah ouais quand même" euro, personne ne le verra, pour peu qu'on ait pris soin de disposer les hiboux-africains-de-collection™ de manière à ce qu'on ne voit pas les soudures. A vous aussi les débuts de discussions endiablés, qui passeront du "il fait beau hein ?" au "Ah bon t'es fan de boutons de chemisette" qui vous permettra d'enchaîner sur le fait que non, pas du tout, ça a été un concours de circonstances avant d'avouer que oui, trois mois pour commencer et terminer une collection, c'est peut-être court. Bravo.