Et si on remettait le NF 1.0 ?




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Les vignettes Panini - Page 01
Faire une bonne vignette
et rester dans les mémoires
Combien d'entre vous, petits fans de foot au fond de la cour de récré, avec votre maillot Chris Waddle ou Omar Sène, ont acheté 30 paquets de vignettes pour tenter d'obtenir la dernière, celle de ce defenseur sochalien totalement inconnu, qui d'ailleurs n'est jamais passé en interview dans Téléfoot ? Combien d'entre vous ont échangé (en vain) un écusson brillant de Louhans-Cuisaux contre trois Valenciennois moustachus ?

C'est le point commun de nombreux fans de foot depuis le berceau, la bière les vignettes Panini. De quoi forger une sacrée culture foot, et accessoirement de personnaliser nos cahiers de textes avec la quatrième vignette "en double" de Jean-Manuel Thétis. Parce qu'il existe une vraie culture Panini, et pour les joueurs qui n'ont pas la chance d'avoir assez de talent pour se faire remarquer sur la pelouse, c'est l'endroit rêvé. Puisqu'il faut ouvrir l'album à chaque nouvelle vignette, autant tirer une belle gueule, c'est toujours ça qu'on retiendra. Il y a aussi ceux qui sont les rois de la photo ratée, ceux qui ne maîtrisent comme personne les "on-la-refait-j'étais-pas-prêt", ou encore ceux qui sont fiers d'arborer le superbe logo "Justin Bridou". Mais les vignettes Panini, c'est avant tout la meilleure et la plus grande archive de joueurs de Division 1 / Ligue 1, celle qui permet de remettre un visage sur un nom presque inconnu, de revoir les maillots du Racing Paris 1, et surtout de voir l'évolution du joueur de foot (surtout dans la coupe de cheveux).

Alors, puisqu'il s'agit de poser pour l'éternité, autant réussir une belle photo. Pour cela, plusieurs possibilités : tout d'abord, choisir un joli cadre. La plupart du temps, les photos individuelles sont prises en même temps que les photos d'équipe officielles. On retrouve donc, derrière les joueurs, le terrain d'entraînement ou encore le stade, vide évidemment. Rien de très original, rien qui va permettre de se faire remarquer. Alors les photographes, parce qu'il faut bien leur rendre cette superbe qualité, ont parfois des idées fantastiques. Ainsi, fini le flamboyant stade de la Mainau : les Strasbourgeois auront le droit de poser devant une bâche bleue. Mais attention, une bâche bleue de qualité, un truc qu'on sent pas du tout posé à l'improviste, un truc d'artiste quoi.


Quand certains jouent en polo sur des bâches bleues, d'autres sont fiers de jouer pour du saucisson.

Mais le décor est bien le seul élément que le joueur ne peut pas maîtriser : tout le reste est à sa pure volonté. Ainsi, il choisit ou non de se mettre en valeur, de montrer son maillot et son sponsor, de porter fièrement ses couleurs. C'est ainsi qu'il sera sans doute plus important pour un joueur de Strasbourg de tenter de faire oublier ce superbe polo tout en coton qu'on croirait fraîchement sorti des stocks invendus de chez Babou que de tendre les bras pour masquer la bâche. Foutu pour foutu... Pour d'autres, le problème est tout autre, puisque si l'équipementier a été sympa et a fourni des maillots classieux dotés du dernier système anti-transpiration (qui permet aux joueurs de changer de maillot à la mi-temps), c'est le sponsor du club qui est en cause. L'olympique Lyonnais est un champion aussi pour ça : le 69 (journal local) en 1991 pour le côté renversant, et avant le Renault Trucks de cette année, les joueurs de Gerland ont eu à montrer les valeurs de Justin Bridou. Une tare un peu lourde à porter, mais qui n'a pas permis à Pascal Olmeta de faire oublier son talent dans les buts cette année-là (ni dans les vestiaires d'ailleurs). Notons aussi que si Panini a dès le début des années 90 arrêté les vignettes pour les entraîneurs, ils étaient toujours des petites perles pour les yeux, dignes des plus grands défilés de mode sportswear.

Toute la posture est importante : sans aller jusqu'au photos de profil avec sourire de premier de la classe, il faut savoir choisir entre les mains sur les jambes de la photo prise assis, les mains dans le dos pour la photo debout, ou encore les mains sur les hanches et Inch'allah, donnant surtout ce petit côté "bon c'est bon tu vas la prendre ta photo mec ?" nonchalant, qui peut faire "star" s'il est bien maîtrisé. Du coup, les résultats peuvent être décevants : une posture trop hautaine et c'est le cou de girafe, une posture trop penchée et c'est la tête trop grosse qui fera marrer les CM2.


En tout cas, eux, ça les a fait marrer.

Voilà tout le problème : il faut être prêt pour la photo. C'est quelque chose qui se prépare, quelque chose qu'on réfléchit, et qu'on ne doit surtout pas prendre à la légère. C'est un instant décisif, et la gueule de con est vite arrivée, archivée, collée, échangée, affichée de tous les côtés, figée pour des années. Les beaux-gosses vérifient leurs coiffures, les défenseurs miteux steressent devant l'objectif en espérant ne pas avoir laissé traîner un cachou, les gardiens remettent leurs dents. Hop, le photographe arrive, un sourire timide, ça ira bien pour la photo. Et là, c'est le drame. Un paramètre mal négocié, une séance qui va plus vite que prévu, et c'est une photo bâclée que le photographe, malin, ne signalera même pas. "Il aura une bonne surprise celui-là, il avait qu'à pas me faire rater mon Loto Sportif".

On a tout d'abord les rigolos, ceux à qui on a raconté la blague des deux filles dans l'ascenseur au moment où il fallait pas. On peut même parier que le remplaçant, vexé de n'être que capitaine de la réserve, ait délibérement fait foirer la photo (voir Ginola et Pedros). Et puis il y a ceux qui ne sont pas prêts, mais pas prêts du tout. Ceux qui faisaient encore une grimace pour se dégourdir les muscles du visage quand on leur a crié "au suivant !", ceux qui, professionnels jusqu'au bout des crampons, ont fait des étirements faciaux avant l'instant T. Raté : celui-là aura le droit à une face d'appeuré ou d'hébété. Enfin, catégorie rare mais non négligeable, last but not least comme on dit dans la langue de David James, il y a ceux dont on ne sait même pas s'ils étaient au courant qu'on les prenait en photo. Comme Mario Relmy, ils nous offrent une grimace inhabituelle, un truc inattendu, plus surprenant encore qu'un but de Laurent Leroy. Ils n'ont pas eu tort : aujourd'hui, on s'en souvient encore.


"- Excusez Coach, j'ai couru tout ce que j'ai pu, j'ai pas retrouvé votre veste"

Enfin, une des dernières tactiques pour se faire remarquer dans les albums Panini est encore d'être original. Sans tirer une tête bizarre, savoir se démarquer des dizaines de visages trop lisses qu'on ne retiendra pas par leur brushing ou leur sourire d'ange. Quelques techniques sympathiques comme le sourire en coin (rien à voir avec le rire aux éclats involontaire, il s'agit là de faire le beau-gosse, rien de plus). A l'époque aussi, faire péter le pendentif par dessus le maillot ou la boucle d'oreille pas trop discrette était gage de personne de qualité. Et puis, le brushing cheveux bouclés ou coupe en brosse, sans oublier le fameux mulet (que nous aborderons dans une autre page) changent de la coupe sage et assurent une place de qualité dans l'album du jeune élève. N'oublions pas non plus, les joueurs qui sont intellos jusque dans leurs vignettes Panini, les yeux rivés vers l'horizon, vers d'autres cieux, d'autres desseins, d'autres paysages, d'autres comptes en banque aussi.

L'esprit d'équipe peut aussi se réveler jusque dans les vignettes Panini. Certaines équipes vont même jusqu'à mettre des sponsors différents sur les maillots selon les joueurs, mais d'autres ont tout compris : chaque joueur est interchangeable, et pourtant chacun est unique [1]. Les Toulonnais, avec leurs jolis maillots jaunes, tous impeccables, de vrais canaris pour une fois ; on peut aussi trouver cet esprit d'équipe, ce petit côté "Corporate" dans l'expression du visage, une impression de vide, une vraie indication d'une équipe va finir dans le ventre mou. Un regard heureux pour l'équipe qui monte en Ligue 1 et qui va s'en prendre 3 par match avec le sourire. Une équipe qui transpire déjà et qui a refilé des photos de joueurs prises en match parce que les recrues viennent d'arriver et qu'elles sont pas françaises tu comprends nous on est une équipe internationale jouer contre Sochaux ça nous interesse pas des masses.


Bordeaux, une équipe joyeuse mais pas trop.

Réussir une bonne vignette Panini n'est donc pas une épreuve si anodine que ça ; il faut faire attention à plein de petits détails, d'autant plus quand l'album est destiné au monde entier (même si certains Sedanais n'ont pas à se soucier de cette petite contrariété). Rater une vignette est tout aussi difficile, puisqu'il faut la rater mais bien, pas essayer de la rater sciemment, le résultat est souvent catastrophique. Rater une vignette pour passer à la posterité et rester dans les mémoires, c'est un état d'esprit.

La prochaine fois, nous aborderons en détail l'interieur d'un album Panini, de quoi mettre en valeur tous ces champions.
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Notes du bas de la page (ou un peu avant)
[1] Putain c'est beau, surtout pour un truc pas français.
Commentaires battus
Posté par
yoann le 06.10.2005 à 00:00 [#1]
yeahhhhh un article panini. J'ai pas le temps de lire maintnant mais ça va me plaire ça. :)
Posté par
yoann le 07.10.2005 à 00:00 [#2]
je viens de lire et c'est énorme. bravo !
Posté par ludovic d le 15.10.2005 à 00:00 [
#3]
combien d argent j ai piqué à ma mère pour ces albums les 30 paquets pour la dernière image c'est bien vrai ca
Posté par
innocent le 15.10.2005 à 00:00 [#4]
mbfcs2.com, le webzine-blog de ludovic d



(sinon oui, j'ai lu l'article aussi)

Posté par
innocent le 26.11.2005 à 00:00 [#5]
(ah tiens je suis dans ma journée 'humour de merde' là, j'en fais profiter)



Euh, tu l'as la vignette 4 fromages ?

Posté par
mbfcs2 le 26.11.2005 à 00:00 [#6]
Je dois être dans mon jour 'je comprends pas l'humour pas cher'.
Ajoutez votre prose ! (lâch t komm)
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